Escadrille SAL 28
« Eléphant barrissant au naturel, vêtu de sinople et d’or, la tête contournée et la patte antérieure dextre1 levée »
L’escadrille est constituée au Camp Retranché de Paris (CRP), le 1er septembre 1914, en tant qu’escadrille de reconnaissance armée. Elle est dotée, quelques jours plus tard, de ses premiers avions, quatre Henri Farman HF 20 armés d’une mitrailleuse, rendus disponibles suite à la dissolution des unités aéronautiques du CRP. Il est nécessaire de rappeler dans quelles circonstances l’escadrille a été équipée. Le 13 septembre 1914, les escadrilles du CRP ont été dissoutes par le GQG opposé aux méthodes du général Gallieni accusé de tirer profit de la victoire de la Marne. Le 15 septembre, l’escadrille HF 28 est affectée à l’Armée du général Brugère, commandant le groupe des divisions territoriales, réorganisées après les combats du Nord de la France. A partir du 18 septembre 1914, date de son arrivée à Amiens, l’unité s’administre seule.
Elle est placée sous les ordres du Capitaine Georges Mailfert. Affecté auparavant au camp de Chalons, puis comme pilote de réserve de l’escadrille 13, il appartenait avant sa dissolution à l’aviation du CRP. L’unité, dont il prend le commandement, est dotée de quatre HF 20, un HF 22 et un Breguet 13 AG4. Le 15 septembre, la HF 28 est mis à la disposition du groupe des divisions territoriales du général Brugère et fait mouvement sur Gournay-sur-Aronde. Le 18 septembre, transfert sur Amiens.
Le 2 octobre, elle bouge de nouveau pour s’installer à Doullens. Elle est immédiatement engagée dans la bataille de Picardie. Le 17 octobre, elle est affectée au 10ème corps d’Armée appartenant à la 2ème armée. Le 24 octobre 1914, l’équipage Caporal Emile Stribick (pilote) / Soldat Marcel David (mitrailleur) abattent un Taube qui tombe à l’Est d’Amiens. Cet avion est la première victoire homologuée de l’escadrille 28. Le 12 novembre, elle est envoyée sur Léalvillers, près d’Albert où elle restera jusqu’à 8 janvier 1915.
Le 8 janvier 1915, les personnels de l’escadrille 28 sont envoyés à Saint-Cyr pour être transformés sur avions Caudron G 3. Comme c’est l’usage dans l’aéronautique militaire française, elle prend alors l’appellation d’escadrille C 28. Elle est rattachée à la 56ème division d’infanterie appartenant au 11ème corps d’armée. Le 9 janvier, le Capitaine André Volmerange succède au Capitaine Mailfert à la tête de l’escadrille. Pendant cette période, ses personnels, en apprentissage, vont réaliser des missions d’entraînement et des réglages d’avions et de moteurs. Maintenant prête et formée sur ses nouveaux matériels, l’unité fait mouvement sur Vauchelle-lès-Authie, le 7 février.
Le 10 juillet 1915, le Sgt Jean Chaput est gravement blessé au combat. Evacué sur la capitale, il ne reprendra sa place que le 3 octobre 1915. Le 19 juillet 1915, la C 28 est envoyée sur le terrain de Mondicourt et passe sous le commandement de la 10ème armée.
Le 27 octobre 1915, elle est transferée sur le terrain de la ferme d’Alger près de Billy-le-Grand pour être engagée sur le front de Champagne.
On ne dispose que peu d’information sur les activités de l’escadrille 28 sur la période fin 1915 / fin 1917. Néanmoins, à l’été 1917, elle commence à percevoir les Sopwith 1½ Strutter construits par la France et devient la SOP 28. Le 31 août 1917 elle est citée à l’ordre de la division pour avoir accompli, avec audace, d’importantes missions de reconnaissance, de réglage et d’accompagnement de l’infanterie.
Le 26 janvier 1918, elle prend l’appellation de SAL 28, opérant alors sur Salmson 2. Elle est escadrille d’observation au 2e corps d’armée. Le 31 janvier elle est à nouveau citée, à l’ordre de l’Armée cette fois, pour sa participation à la bataille de Verdun. Elle est engagée en février dans les combats de l’Aisne, à partir des terrains de Maisonneuve puis de Saint-Amand. L’escadrille fait mouvement en mars vers Fienvillers pour être engagée avec la 3e armée sur les fronts de l’Oise et de la Somme. A l’été, la SAL 28 déménage à nouveau pour Belrain et participent aux combats de Lorraine, avant de passer sous le commandement de la 1e Armée US en août et de faire mouvement vers SaintMihiel sur le front d’Argonne.
Durant son existence, elle a acquis 7 victoires aériennes homologuées (et 2 non homologuées) sur les Allemands. 18 pilotes et observateurs ont perdu la vie en opération. Treize ont été blessés. Deux ont été faits prisonniers. Elle est dissoute en juillet 1919 à Saint-Mihiel.
Escadrille SPA 79
« Tête de loup de sable, allumé et défendu de candide et lampassé de gueules »
Constituée le 21 novembre 1916, l’escadrille 79 reçoit en dotation des Nieuport 12 et 17 et devient l’escadrille N 79. Elle est placée sous le commandement du Capitaine Roger Lermercier de Maisoncelle-Vertille de Richemont et rattachée à l’aéronautique de la 3ème armée.
En janvier 1917, l’escadrille N 79 passe à l’aéronautique de la 5ème armée. Elle restera rattachée à cette grande unité, jusqu’en mars 1918. Du 16 avril au 7 mai 1917, avec la 5ème armée, elle est engagée dans la 2ème bataille de l’Aisne, avec offensive sur le front, la prise de Berméricourt, approche des abords de Craonne et jusqu’au Chemin des Dames.
Le 25 avril 1917, l’escadrille passe sous le commandement du Capitaine Gaston Luc-Pupat. Le lendemain, le capitaine remporte une victoire homologuée contre un avion allemand dans la région de Saint-Quentin. Le 3 juin, le Maréchal des logis Jean Sauclière abat un biplace, qui sera homologué bien qu’il soit tombé dans ses lignes.
L’escadrille N 79 incorpore le Groupe provisoire de combat et se déplace sur le terrain du château de Bonneuil (EsmeryHallon), à partir du 17 juillet 1917. Le 22 juillet, le Maréchal des logis Jean Sauclière remporte une nouvelle victoire homologuée contre un avion qui tombe à l’Est de la Fère. Le 19 août, le capitaine Robert Franc remporte deux victoires homologuées. Le même pilote terminera la guerre à la tête de 5 victoires homologuées et une non homologuée.
Le 4 septembre, le commandant de l’escadrille, le Capitaine Gaston Luc-Pupat est tué au combat, aux commandes du Spad VII n° 626, par la DCA qui protégeait le Drachen qu’il attaquait, au Sud de Saint-Quentin.
Le 5 septembre 1917, l’escadrille N 79 passe sous le commandement du Capitaine Robert Franc. A partir d’octobre, elle reçoit des Nieuport 27 et des Spad VII. Peu à peu, les Spad vont supplanter les Nieuport. Le 19 janvier 1918, l’unité est entièrement transformée sur avions Spad VII et XIII et prend l’appellation de SPA 79. En plus de ces monoplaces, la 79 met en œuvre plusieurs Sopwith 1A2 pour les missions de reconnaissance avec observateur ou mitrailleur.
Transférée à la 3ème armée, la 79 est stationnée à Maisonneuve, du 20 janvier au 8 mars 1918, puis à Ambrief du 8 au 24 mars. C’est à partir de ce terrain, près de Soissons, qu’elle effectuera des missions de chasse et de photographie aérienne. En plus, ses équipages mitraillent les tranchées à chaque fois que c’est possible. Jusqu’au 27 mars, elle participe à la bataille de Noyon, avec repli des troupes françaises sur l’Oise et la route reliant Nesle, Roye, Montdidier.
Le 17 mars, le brigadier Roger Brétillon remporte 2 victoires homologuées contre deux Albatros qui tombent dans les environs de Roye. Ce sont les premières victoires de l’escadrille N 79.
Le 25 mars, pour contrer l’offensive que les Allemands viennent de lancer contre les troupes britanniques, l’escadrille SPA 79 est envoyée au Mesnil-Saint-Georges. Les affrontements seront âpres et plusieurs victoires vont être remportées. Plusieurs pilotes perdront la vie dans ces combats.
A Sacy-le-Grand depuis le 26 mars, elle fait mouvement sur Auvilliers (Oise), à partir du 22 avril. A partir de ces terrains, la 79 participa à tous les combats menés par la 3ème armée. A partir du 9 juin, bataille du Matz avec attaque allemande sur Compiègne, entre l’Oise et la voie ferrée reliant Montdidier et Saint-Just-en-Chaussée. Les troupes sous les ordres du général Mangin contre attaquent entre Courcelle-Epayelles et Gournay-sur-Aronde.
Le 24 juillet, nouveau transfert, cette fois sur le terrain de Luithellier (51). Le 10 août, participation à la bataille de Montdidier avec progression sur Beuvraignes. Le 17, bataille autour de Noyon avec progression en direction de la ville.
Le 30 août, les troupes au sol avancent contre la ligne Hindenburg avec prise de Noyon et progression dépassant le canal Crozat.
Du 27 octobre au 5 novembre, une nouvelle bataille, cette fois sur la Serre avec progression sur les 2 rives de la Serre puis renforcement des positions conquises au Nord de la ligne reliant Sissonne à Crécy-sur-Serre.
Du 26 juillet au 29 octobre, elle installe ses Spad au Croutoy (Oise) et pour finir à Cerny-lès-Bucy, le 1er novembre, puis à Chambry, le 7 novembre 1918. Les derniers combats auxquels prennent part les hommes de la 79 se déroulent dans la région Sud de Revin et Rocroi avec la préparation d’une grande offensive sur la Meuse. La signature de l’armistice arrêtera les hostilités en cours.
Après la guerre, la SPA 79 est transférée à Lachelle (Oise) du 24 décembre 1918 au 6 mars 1919. Elle est rappelée sur Trécon puis sur Sommesous où elle est définitivement dissoute, le 12 mars 1919.
Escadrille BR 66
« Faucon égyptien éployé d’or et de gueules, brochant un tourteau du même »
La C 66, équipée de CAUDRON G3, fut créée en juillet 1915. Au mois de décembre, l’escadrille, récemment transformée sur G4, passe au 1er Groupe de Bombardement qui avait été créé le 28 novembre 1914 avec pour chef le commandant de Goys.
L’année 1916 va être une année d’épreuves pour les bombardiers. Le GB I et le GB II sont stationnés à Malzeville. Le 1er Groupe, réorganisé, est commandé par le Commandant Curault. La C 66 devient Escadrille de bombardement léger et de protection. Dès le 19 janvier, la C66 participent aux bombardements de Metz et d’Arnaville. Le 23, les deux groupes réunis précipitent 130 obus sur les gares et casernes de Metz. Les escadrilles de bombardement sont alors massivement engagées pour détruire les moyens de communication et de ravitaillement des troupes prussiennes. Le 22 juin, le Q.G. décide de confier à la C 66 une expédition de représailles contre la ville de Karlsruhe. Les dégâts sont énormes, mais l’escadrille est interceptée et perd d’un coup le tiers de son effectif. Le capitaine de Kérillis a adopté la formation tactique dite « en vol de canards » qui permet les feux de flanquement et la défense mutuelle des équipages. En vol, les commandements sont donnés par le chef d’escadrille qui a adopté la méthode des fusées au pistolet. Jusqu’à la dernière phase de la bataille de Verdun, l’escadrille 66 continue les expéditions sur les arrières de l’Armée allemande.
Vers la fin de l’année, elle se transforme sur Sopwith. Le GB1 se réorganise et se transforme à nouveau. Il passe sous le commandement du Commandant Chabert et comprend 4 escadrilles équipées de SOPWITH, dont la SOP 66. En 1917, l’escadrille 66 agit en Champagne. A la veille de l’attaque du Chemin des dames la SOP 66 participe au bombardement de positions allemandes dans l’Aisne. Les opérations s’enchainent sur les gares ennemies, et les lieux de bivouac des troupes prussiennes à Craonne et Suippes. Le 3 juin, les combats reprennent au chemin des Dames et avec eux les bombardements dans la région de Rethel. Au mois d’août, le GB l se porte à Senard (55) en vue de l’offensive de Verdun. Au mois d’octobre et novembre l’escadrille se transforme sur Breguet 14.
En décembre, la BR66 prend part à de très nombreux bombardement de nœuds ferroviaires, et à des opérations de bombardements lointains sans protection de chasseurs. Perdant par la même de nombreux équipages.
En 1918, les escadrilles BR 66, 111 et 108 forment le GB 6 sous les ordres du Commandant de la Morlais, sous la protection des chasseurs de l’escadre n°12. Devant la brusquerie de l’attaque allemande, le haut commandement français est conduit à jeter dans la mêlée son aviation de bombardement, une tâche pour laquelle elle n’était pas préparée : le bombardement du champ de bataille.
Il devient alors difficile de suivre dans le détail l’action de la BR 66 et 129, 2 escadrilles parmi les multiples de l’escadre du Commandant Vuillemin. Les expéditions se succèdent tout le mois d’avril selon des formules tactiques différentes, avec des effectifs plus ou moins nombreux. Le 16, l’Escadre 12 est rattachée à la division aérienne qui vient d’être créée. Le 4 juillet, l’escadre rejoint Saint-Dizier et procède à la reconstitution des unités éprouvées et à l’entraînement des nouveaux. Le 5 juillet, la BR 66 reçoit deux équipages américains qui participeront aux opérations avec l’escadrille. Le commandement allemand joue sa dernière carte, il tente de rompre le front français en Champagne. Cette fois encore, le bombardement de jour est lancé par masse dans la mêlée oubliant toute préoccupation de tactique. Le 18 juillet, la bataille de la Marne est finie, l’ennemi est partout arrêté et la libération du territoire commence. L’escadrille 66 prend alors part aux batailles d’Ile-de France, puis du Santerre et enfin de Champagne et d’Argonne à l’automne.
Si le traité de Versailles est très précis en ce qui concerne la frontière occidentale de la Pologne et les zones de Silésie et de Prusse orientale soumise à plébiscite, il est parfaitement évasif sur les frontières orientales. Le général Haller qui avait pris la tête des 2 divisions Polonaises engagées sous les ordres de Foch, forma en France une armée. En mai 1919, il arrive de France avec 7 escadrilles de combat comptant 96 avions opérationnels et une école de pilotage. Le 26 septembre, la mission française passe officiellement le contrôle des escadrilles de Haller au gouvernement Polonais. Début 1919, la BR 66 est détachée à la mission militaire en Pologne et y devient la 4e escadrille polonaise de reconnaissance à Poznan.
Après les premiers succès éclairs, où les Polonais s’emparent manu militari de Lvov et Vilna (avril 1919) le point culminant est la capture de Kiev et la création d’une tête de pont sur le Dniepr. Notre aviation y joue un rôle prédominant en matière de liaison et de reconnaissance. Le 8 décembre, les alliés, obligés de prendre position, institue une ligne de démarcation provisoire sur le Bug, entre la Pologne et la Russie.
Le 1er janvier 1920, le bombardement est restructuré en 3 RB (Régiments de bombardement). La 4° escadrille Polonaise de reconnaissance dissoute, la BR 66 devient 210° escadrille du 3° RB en rejoignant Neustadt en Allemagne. Au mois d’août elle prend la dénomination de 10° escadrille du 12° RAB. Les nombreuses missions qu’elle effectue sont principalement consacrées à la photo. L’Allemagne se révélant incapable de payer ses dettes de guerre, les troupes terrestres effectuent entre mars 1921 et octobre 1923 des opérations auxquelles prennent part des escadrilles de bombardement. C’est ainsi que la BR 66 participe à l’occupation de Francfort et de Trèves.
Début 1926, l’escadrille perçoit un nouvel appareil : le Breguet 19B2. Le 1er octobre 1928, l’escadrille 66 quitte Neustadt pour renforcer le 11e RAB à Metz et y devient la 10e escadrille. Elle y retrouve la BR 129 qu’elle ne quittera plus avant 1986. Fin 1931, les Amiot 122 remplacent le Breguet 19.
Début 1934, nos escadrilles sont les dernières à toucher les LeO 20, bombardiers triplaces et bimoteurs, aptes au vol de jour et vol de nuit. La BR66 qui appartenait toujours à la 11e escadre à Metz rejoint Toulouse en avril 1936 pour former un groupe de la 101° Escadre. Il s’agissait d’éloigner de la frontière menacée nos trop rares escadres. En septembre 1936, c’est la réoccupation de la rive gauche du RHIN par les troupes allemandes. Un nouvel appareil, le BLOCH 200, équipe l’unité.
Le 22 octobre, la 23e escadre aérienne est constituée à Francazal. Elle comprend le groupe I/23 formé des anciennes escadrilles BR 127 « Tigre » et BR 128 « Scarabée blanc » et le groupe II/23 formé des BR 66 « Aigle égyptien » et BR 129 « Lapin ». Les escadrilles participent à de très nombreux exercices et manœuvres au court des années 1936 et 1937.
En novembre 1937, le groupe participe aux manœuvres de l’AOF. Trois équipages par escadrille quittent Francazal le 4 novembre et se concentrent à Istres pour participer à la « croisière impériale » à travers l’AOF et l’AFN.
En avril 1938, les premiers appareils Bloch 210 sont affectés au groupe. Les escadrilles poursuivent un entraînement régulier tant de jour que de nuit. Le 16 août 1939, le GB II/23 est stationné sur le terrain de Lilleseclin d’où il va participer en liaison avec la chasse anglaise, à des exercices combinés au dessus du territoire de la Grande-Bretagne
Le 22 août, on rappelle les permissionnaires, et le 1er septembre, le groupe fait mouvement vers Istres. A la mi-février 1940, chaque escadrille perçoit un nouvel appareil : le LeO 45. Fin mai, le groupe fait mouvement vers Orange puis Etampes d’où il est engagé dans les combats à partir du 6 juin. Les missions vont maintenant se succéder jusqu’au 18 juin à une cadence accélérée.
Le groupe II/23 figure au nombre des unités aériennes que la France est autorisée à conserver d’après les conventions de l’armistice et stationne à Blida puis Meknès où il est rattaché au Groupement de bombardement n°11. Les 24 et 25 septembre, en riposte à l’attaque anglaise contre Mers-el-Kebir, le GB II/23 participe à des opérations de représailles sur Gibraltar. Puis jusqu’à novembre 1942, le groupe n’effectue que des missions d’entrainement en AFN.
Le 8 novembre 1942, le groupe est engagé pour bombarder les forces anglo-américaines. L’affrontement s’achève le 11 novembre et le groupe rentre à Meknès.
Le 29 mars, les équipages quittent Meknès pour Biskra en vue de leur participation à la campagne de Tunisie où les forces de l’axe opposent encore une certaine résistance. Ils sont affectés dans le North Tactical Air Force pour effectuer des missions de bombardement de nuit sur les troupes de Rommel. Le groupe rentre fin mai à Meknès où il apprend son prochain départ pour l’Angleterre, qu’il rejoint le 9 septembre pour former le Sqn 346 « Guyenne » au sein du Bomber-Command.
Les équipages et mécaniciens entreprennent une longue formation sur Vickers Wellington puis sur Hallifax au sein de la RAF, et le Sqn 346 est finalement déclaré opérationnel en mai 1944 sur la base d’Elvington où elle retourve le Sqn 347 Tunisie. Le groupe effectue sa première mission opérationnelle le 1er juin. Il est engagé chaque nuit au-dessus de la France, et participe en particulier aux opérations du débarquement en Normandie. A partir de la fin juillet, l’unité est également engagée dans des frappes contre l’Allemagne. Chaque nuit, le Bomber Command frappe le cœur de l’Allemagne et les positions allemandes en France. A la fin de l’année 1944, le bilan pour le Guyenne est de 845 sorties réalisées entrainant la perte de onze équipages. Les missions se poursuivent jusqu’à la fin du conflit en Europe. Ainsi, le 25 avril 1945, le Guyenne effectue sa 118e et dernière mission de bombardement en 1326 sorties.
Le 18 juin, le Guyenne défile à Paris et le 10 octobre, enfin, le groupe rejoint la France et Bordeaux, où il est désormais stationné. Il devient ensuite le GB II/21 Guyenne et assure des missions de transport et de coordination avec l’Allemagne occupée et les territoires d’AFN, avant d’être finalement dissous le 1er juillet 1949.
Le 1er décembre 1956, sur la Base aérienne 141 d’ORAN, le CIE B26 n°329 est dissout pour donner naissance au GB 2/91 Guyenne, équipé de A26 Invader. Il est déclaré opérationnel le 1er février 1957. Aux côtés du Gascogne, le Guyenne effectue des missions de bombardement, de reconnaissance et de liaisons vers la métropole. Ces missions se poursuivent jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, durant laquelle le Guyenne a effectué plus de 7700 sorties et larguer 5000 tonnes de bombes, conduisant à la perte de 20 membres d’équipages. L’indépendance de l’Algérie est reconnue le 3 juillet 1962, et le 2 septembre, le Guyenne fait mouvement sur Cazaux, où il est renforcé par les équipages du Gascogne dissout. L’unité a pour mission l’entraînement et le perfectionnement des équipages de bombardement qui, dès leur sortie d’école, sont destinés à constituer les escadrons de la future force de frappe. Le 29 juin 1963, le Guyenne est dissous.
L’escadron de bombardement 1/93 « GUYENNE » est créé10 à Istres le 1er juin 1965 sur Mirage IV A au sein des FAS. Il est déclaré opérationnel et prend l’alerte pour la 1ère fois le 15 octobre. L’entrainement se poursuit, à la mission en haute altitude d’abord, puis à basse altitude à partir de 1969. Mais une réorganisation des FAS à partir de 1975 mène à la dissolution du Guyenne le 9 juin 1976.
Le 1er juillet 1976, les traditions sont reprises par l’escadron 1/94 stationné à Avord. Le 9 a lieu une prise d’armes au cours de laquelle l’EB 1/94 reçoit la garde du drapeau du Guyenne. L’escadron poursuivra sa mission de dissuasion jusqu’en 1986, année de sa dissolution.
Escadrille SPA 37
« Charognard éployé d’argent et de gueules, becqué d’or »
Créée le 23 janvier 1915 sur le terrain de Châteaufort (78), l’escadrille MS 37 est équipée de Morane-Saulnier biplace type L. Placée sous le commandement du Capitaine Louis Quillien, elle est affectée à l’aéronautique de la IIIème armée. La IIIème armée est engagée sur l’Argonne et le Vauquois que ces unités vont conquérir, le 17 février 1915.
En juillet 1915, l’escadrille est dotée de Nieuport X, puis de Nieuport XII et prends l’appellation de N 37. Le 1er octobre 1915, elle fait mouvement vers le terrain de Lisle-en-Barrois (55) pour prendre part à l’offensive en cours en Champagne. Après la fin des opérations, elle prend ses quartiers d’hiver sur le terrain de Sainte-Ménéhould du 16 octobre 1915 au 27 juin 1916. Elle va être engagée dans la bataille de Verdun, dès la fin février 1916.
Au printemps 1916, les premiers monoplaces N 11 sont perçus par les pilotes de la N 37. Elle va progressivement se transformer en une escadrille de chasse à part entière.
Le 2 juillet 1916, la N 37, entièrement rééquipée en monoplaces, est intégrée au groupe de chasse n° 12 et s’installe à Cachy. Elle dépend maintenant de la VIème armée. Au sein du GC 12, elle va être engagée contre l’aviation allemande qui détient la supériorité aérienne sur ce front. Les pertes vont être sévères avec 5 tués au combat. Peu à peu, la chasse française repousse les assauts et reprends l’avantage aux Allemands sur la Somme.
Le 25 janvier 1917, la N 37 est rattachée à l’aéronautique de la IIIème armée à partir du terrain de Ravenel-PlessierSaintJust (60). Le 7 mars 1917, elle est affectée à la IVème armée pour être intégrée au GC 15 à partir du terrain de la Cheppe (51).
Entièrement équipée de Spad VII en mars 1917, la SPA 37 est engagée dans l’offensive Nivelle sur les monts de Champagne, à l’Est de Reims. Ses pilotes participent à l’offensive sur le front d’Aubérive-sur-Suippe – Prosnes qui verra la prise du Mont Cornillet.
Le 16 juillet 1917, elle est affectée à la IIème armée. Le juillet, elle fait mouvement sur le terrain de Beauzée-sur-Aire (55). En août, elle est engagée sur Verdun pour la reconquête du Mort-Homme et de la côte 304. Du 21 au 27 septembre 1917, elle est rééquipée sur le terrain de Villeneuve-lès-Vertus.
Le 10 février 1918, au sein du GC 15, elle est rattachée à l’escadre de combat n° 1, elle-même intégrée à la division aérienne commandée par le colonel Duval. Le 28 février 1918, elle est envoyée au Plessis-Belleville. A partir de ce terrain, elle va soutenir les unités qui s’opposèrent à la grande offensive allemande de mars en Picardie.
Au sein de l’escadre de combat n° 1, la SPA 37 va participer à toutes les grandes batailles de 1918, à savoir les combats sur le Chemin des Dames en mai, la bataille du Matz en juin, la bataille de Champagne en juillet, la bataille de l’Ile-deFrance en juillet août. Déplacée successivement sur les terrains de Fouquerolles et de Raray, elle est déployée pour prendre part à la grande offensive de septembre. Elle est alors affectée à la IVème armée du général Henri Gouraud.
Le 6 septembre 1918, elle fait mouvement sur le terrain d’Ochey. A la fin des hostilités, ses équipages ont remporté 39 victoires homologuées et ont eu à déplorer la perte de 23 tués au combat et 3 par accident. L’escadrille a été récompensée d’une citation à l’ordre de l’armée.
Le 1er janvier 1920, elle devient 101ème escadrille du 1er régiment d’aviation de chasse stationné à ThionvilleBasseYutz (57). Le 1er août 1920, lors de la nouvelle restructuration des unités aériennes, elle devient la 1ère escadrille du 1er RAC. Le 1er juin 1924, elle est transférée comme 5ème escadrille du 33ème RAM basé à Mayence. Ses pilotes volent alors sur Nieuport 29.
Pendant la seconde guerre mondiale, la SPA 37 sera représentée par la 3ème escadrille du GC II/3. Ce groupe prendra le nom de baptême de « Dauphiné » en 1943 après le ralliement des forces aériennes françaises d’AFN aux alliés et la SPA 37 en devient alors la première escadrille. Entièrement équipée de P-47D Thunderbolt, elle participera aux combats sur l’Italie, la Corse et la reconquête du territoire national. Le 1e juillet 1947, le groupe prend le nom de GC I/4 « Dauphiné ». Il participe aux opérations en Indochine, puis en Algérie. A compter de 1972, il participe au sein de la FATac à la mission de frappe nucléaire tactique sur Mirage IIIE. Il est ensuite équipé de Mirage 2000N et intègre les FAS en 1991. Ses traditions ont été transmises jusqu’au 29 juin 2010, date de la dissolution de l’EC 1/4 « Dauphiné », équipé de Mirage 2000 Nk2, sur la base de Luxeuil-St-Sauveur.
Escadrille SAL 28
« Eléphant barrissant au naturel, vêtu de sinople et d’or, la tête contournée et la patte antérieure dextre1 levée »
L’escadrille est constituée au Camp Retranché de Paris (CRP), le 1er septembre 1914, en tant qu’escadrille de reconnaissance armée. Elle est dotée, quelques jours plus tard, de ses premiers avions, quatre Henri Farman HF 20 armés d’une mitrailleuse, rendus disponibles suite à la dissolution des unités aéronautiques du CRP. Il est nécessaire de rappeler dans quelles circonstances l’escadrille a été équipée. Le 13 septembre 1914, les escadrilles du CRP ont été dissoutes par le GQG opposé aux méthodes du général Gallieni accusé de tirer profit de la victoire de la Marne. Le 15 septembre, l’escadrille HF 28 est affectée à l’Armée du général Brugère, commandant le groupe des divisions territoriales, réorganisées après les combats du Nord de la France. A partir du 18 septembre 1914, date de son arrivée à Amiens, l’unité s’administre seule.
Elle est placée sous les ordres du Capitaine Georges Mailfert. Affecté auparavant au camp de Chalons, puis comme pilote de réserve de l’escadrille 13, il appartenait avant sa dissolution à l’aviation du CRP. L’unité, dont il prend le commandement, est dotée de quatre HF 20, un HF 22 et un Breguet 13 AG4. Le 15 septembre, la HF 28 est mis à la disposition du groupe des divisions territoriales du général Brugère et fait mouvement sur Gournay-sur-Aronde. Le 18 septembre, transfert sur Amiens.
Le 2 octobre, elle bouge de nouveau pour s’installer à Doullens. Elle est immédiatement engagée dans la bataille de Picardie. Le 17 octobre, elle est affectée au 10ème corps d’Armée appartenant à la 2ème armée. Le 24 octobre 1914, l’équipage Caporal Emile Stribick (pilote) / Soldat Marcel David (mitrailleur) abattent un Taube qui tombe à l’Est d’Amiens. Cet avion est la première victoire homologuée de l’escadrille 28. Le 12 novembre, elle est envoyée sur Léalvillers, près d’Albert où elle restera jusqu’à 8 janvier 1915.
Le 8 janvier 1915, les personnels de l’escadrille 28 sont envoyés à Saint-Cyr pour être transformés sur avions Caudron G 3. Comme c’est l’usage dans l’aéronautique militaire française, elle prend alors l’appellation d’escadrille C 28. Elle est rattachée à la 56ème division d’infanterie appartenant au 11ème corps d’armée. Le 9 janvier, le Capitaine André Volmerange succède au Capitaine Mailfert à la tête de l’escadrille. Pendant cette période, ses personnels, en apprentissage, vont réaliser des missions d’entraînement et des réglages d’avions et de moteurs. Maintenant prête et formée sur ses nouveaux matériels, l’unité fait mouvement sur Vauchelle-lès-Authie, le 7 février.
Le 10 juillet 1915, le Sgt Jean Chaput est gravement blessé au combat. Evacué sur la capitale, il ne reprendra sa place que le 3 octobre 1915. Le 19 juillet 1915, la C 28 est envoyée sur le terrain de Mondicourt et passe sous le commandement de la 10ème armée.
Le 27 octobre 1915, elle est transferée sur le terrain de la ferme d’Alger près de Billy-le-Grand pour être engagée sur le front de Champagne.
On ne dispose que peu d’information sur les activités de l’escadrille 28 sur la période fin 1915 / fin 1917. Néanmoins, à l’été 1917, elle commence à percevoir les Sopwith 1½ Strutter construits par la France et devient la SOP 28. Le 31 août 1917 elle est citée à l’ordre de la division pour avoir accompli, avec audace, d’importantes missions de reconnaissance, de réglage et d’accompagnement de l’infanterie.
Le 26 janvier 1918, elle prend l’appellation de SAL 28, opérant alors sur Salmson 2. Elle est escadrille d’observation au 2e corps d’armée. Le 31 janvier elle est à nouveau citée, à l’ordre de l’Armée cette fois, pour sa participation à la bataille de Verdun. Elle est engagée en février dans les combats de l’Aisne, à partir des terrains de Maisonneuve puis de Saint-Amand. L’escadrille fait mouvement en mars vers Fienvillers pour être engagée avec la 3e armée sur les fronts de l’Oise et de la Somme. A l’été, la SAL 28 déménage à nouveau pour Belrain et participent aux combats de Lorraine, avant de passer sous le commandement de la 1e Armée US en août et de faire mouvement vers SaintMihiel sur le front d’Argonne.
Durant son existence, elle a acquis 7 victoires aériennes homologuées (et 2 non homologuées) sur les Allemands. 18 pilotes et observateurs ont perdu la vie en opération. Treize ont été blessés. Deux ont été faits prisonniers. Elle est dissoute en juillet 1919 à Saint-Mihiel.
Escadrille SPA 79
« Tête de loup de sable, allumé et défendu de candide et lampassé de gueules »
Constituée le 21 novembre 1916, l’escadrille 79 reçoit en dotation des Nieuport 12 et 17 et devient l’escadrille N 79. Elle est placée sous le commandement du Capitaine Roger Lermercier de Maisoncelle-Vertille de Richemont et rattachée à l’aéronautique de la 3ème armée.
En janvier 1917, l’escadrille N 79 passe à l’aéronautique de la 5ème armée. Elle restera rattachée à cette grande unité, jusqu’en mars 1918. Du 16 avril au 7 mai 1917, avec la 5ème armée, elle est engagée dans la 2ème bataille de l’Aisne, avec offensive sur le front, la prise de Berméricourt, approche des abords de Craonne et jusqu’au Chemin des Dames.
Le 25 avril 1917, l’escadrille passe sous le commandement du Capitaine Gaston Luc-Pupat. Le lendemain, le capitaine remporte une victoire homologuée contre un avion allemand dans la région de Saint-Quentin. Le 3 juin, le Maréchal des logis Jean Sauclière abat un biplace, qui sera homologué bien qu’il soit tombé dans ses lignes.
L’escadrille N 79 incorpore le Groupe provisoire de combat et se déplace sur le terrain du château de Bonneuil (EsmeryHallon), à partir du 17 juillet 1917. Le 22 juillet, le Maréchal des logis Jean Sauclière remporte une nouvelle victoire homologuée contre un avion qui tombe à l’Est de la Fère. Le 19 août, le capitaine Robert Franc remporte deux victoires homologuées. Le même pilote terminera la guerre à la tête de 5 victoires homologuées et une non homologuée.
Le 4 septembre, le commandant de l’escadrille, le Capitaine Gaston Luc-Pupat est tué au combat, aux commandes du Spad VII n° 626, par la DCA qui protégeait le Drachen qu’il attaquait, au Sud de Saint-Quentin.
Le 5 septembre 1917, l’escadrille N 79 passe sous le commandement du Capitaine Robert Franc. A partir d’octobre,elle reçoit des Nieuport 27 et des Spad VII. Peu à peu, les Spad vont supplanter les Nieuport. Le 19 janvier 1918, l’unité est entièrement transformée sur avions Spad VII et XIII et prend l’appellation de SPA 79. En plus de ces monoplaces,la 79 met en œuvre plusieurs Sopwith 1A2 pour les missions de reconnaissance avec observateur ou mitrailleur.
Transférée à la 3ème armée, la 79 est stationnée à Maisonneuve, du 20 janvier au 8 mars 1918, puis à Ambrief du 8 au 24 mars. C’est à partir de ce terrain, près de Soissons, qu’elle effectuera des missions de chasse et de photographie aérienne. En plus, ses équipages mitraillent les tranchées à chaque fois que c’est possible. Jusqu’au 27 mars, elle participe à la bataille de Noyon, avec repli des troupes françaises sur l’Oise et la route reliant Nesle, Roye, Montdidier.
Le 17 mars, le brigadier Roger Brétillon remporte 2 victoires homologuées contre deux Albatros qui tombent dans les environs de Roye. Ce sont les premières victoires de l’escadrille N 79.
Le 25 mars, pour contrer l’offensive que les Allemands viennent de lancer contre les troupes britanniques, l’escadrille SPA 79 est envoyée au Mesnil-Saint-Georges. Les affrontements seront âpres et plusieurs victoires vont être remportées. Plusieurs pilotes perdront la vie dans ces combats.
A Sacy-le-Grand depuis le 26 mars, elle fait mouvement sur Auvilliers (Oise), à partir du 22 avril. A partir de ces terrains, la 79 participa à tous les combats menés par la 3ème armée. A partir du 9 juin, bataille du Matz avec attaque allemande sur Compiègne, entre l’Oise et la voie ferrée reliant Montdidier et Saint-Just-en-Chaussée. Les troupes sous les ordres du général Mangin contre attaquent entre Courcelle-Epayelles et Gournay-sur-Aronde.
Le 24 juillet, nouveau transfert, cette fois sur le terrain de Luithellier (51). Le 10 août, participation à la bataille de Montdidier avec progression sur Beuvraignes. Le 17, bataille autour de Noyon avec progression en direction de la ville.
Le 30 août, les troupes au sol avancent contre la ligne Hindenburg avec prise de Noyon et progression dépassant le canal Crozat.
Du 27 octobre au 5 novembre, une nouvelle bataille, cette fois sur la Serre avec progression sur les 2 rives de la Serre puis renforcement des positions conquises au Nord de la ligne reliant Sissonne à Crécy-sur-Serre.
Du 26 juillet au 29 octobre, elle installe ses Spad au Croutoy (Oise) et pour finir à Cerny-lès-Bucy, le 1er novembre, puis à Chambry, le 7 novembre 1918. Les derniers combats auxquels prennent part les hommes de la 79 se déroulent dans la région Sud de Revin et Rocroi avec la préparation d’une grande offensive sur la Meuse. La signature de l’armistice arrêtera les hostilités en cours.
Après la guerre, la SPA 79 est transférée à Lachelle (Oise) du 24 décembre 1918 au 6 mars 1919. Elle est rappelée sur Trécon puis sur Sommesous où elle est définitivement dissoute, le 12 mars 1919.
Escadrille BR 66
« Faucon égyptien éployé d’or et de gueules, brochant un tourteau du même »
La C 66, équipée de CAUDRON G3, fut créée en juillet 1915. Au mois de décembre, l’escadrille, récemment transformée sur G4, passe au 1er Groupe de Bombardement qui avait été créé le 28 novembre 1914 avec pour chef le commandant de Goys.
L’année 1916 va être une année d’épreuves pour les bombardiers. Le GB I et le GB II sont stationnés à Malzeville. Le 1er Groupe, réorganisé, est commandé par le Commandant Curault. La C 66 devient Escadrille de bombardement léger et de protection. Dès le 19 janvier, la C66 participent aux bombardements de Metz et d’Arnaville. Le 23, les deux groupes réunis précipitent 130 obus sur les gares et casernes de Metz. Les escadrilles de bombardement sont alors massivement engagées pour détruire les moyens de communication et de ravitaillement des troupes prussiennes. Le 22 juin, le Q.G. décide de confier à la C 66 une expédition de représailles contre la ville de Karlsruhe. Les dégâts sont énormes, mais l’escadrille est interceptée et perd d’un coup le tiers de son effectif. Le capitaine de Kérillis a adopté la formation tactique dite « en vol de canards » qui permet les feux de flanquement et la défense mutuelle des équipages. En vol, les commandements sont donnés par le chef d’escadrille qui a adopté la méthode des fusées au pistolet. Jusqu’à la dernière phase de la bataille de Verdun, l’escadrille 66 continue les expéditions sur les arrières de l’Armée allemande.
Vers la fin de l’année, elle se transforme sur Sopwith. Le GB1 se réorganise et se transforme à nouveau. Il passe sous le commandement du Commandant Chabert et comprend 4 escadrilles équipées de SOPWITH, dont la SOP 66. En 1917, l’escadrille 66 agit en Champagne. A la veille de l’attaque du Chemin des dames la SOP 66 participe au bombardement de positions allemandes dans l’Aisne. Les opérations s’enchainent sur les gares ennemies, et les lieux de bivouac des troupes prussiennes à Craonne et Suippes. Le 3 juin, les combats reprennent au chemin des Dames et avec eux les bombardements dans la région de Rethel. Au mois d’août, le GB l se porte à Senard (55) en vue de l’offensive de Verdun. Au mois d’octobre et novembre l’escadrille se transforme sur Breguet 14.
En décembre, la BR66 prend part à de très nombreux bombardement de nœuds ferroviaires, et à des opérations de bombardements lointains sans protection de chasseurs. Perdant par la même de nombreux équipages.
En 1918, les escadrilles BR 66, 111 et 108 forment le GB 6 sous les ordres du Commandant de la Morlais, sous la protection des chasseurs de l’escadre n°12. Devant la brusquerie de l’attaque allemande, le haut commandement français est conduit à jeter dans la mêlée son aviation de bombardement, une tâche pour laquelle elle n’était pas préparée : le bombardement du champ de bataille.
Il devient alors difficile de suivre dans le détail l’action de la BR 66 et 129, 2 escadrilles parmi les multiples de l’escadre du Commandant Vuillemin. Les expéditions se succèdent tout le mois d’avril selon des formules tactiques différentes, avec des effectifs plus ou moins nombreux. Le 16, l’Escadre 12 est rattachée à la division aérienne qui vient d’être créée. Le 4 juillet, l’escadre rejoint Saint-Dizier et procède à la reconstitution des unités éprouvées et à l’entraînement des nouveaux. Le 5 juillet, la BR 66 reçoit deux équipages américains qui participeront aux opérations avec l’escadrille. Le commandement allemand joue sa dernière carte, il tente de rompre le front français en Champagne. Cette fois encore, le bombardement de jour est lancé par masse dans la mêlée oubliant toute préoccupation de tactique. Le 18 juillet, la bataille de la Marne est finie, l’ennemi est partout arrêté et la libération du territoire commence. L’escadrille 66 prend alors part aux batailles d’Ile-de France, puis du Santerre et enfin de Champagne et d’Argonne à l’automne.
Si le traité de Versailles est très précis en ce qui concerne la frontière occidentale de la Pologne et les zones de Silésie et de Prusse orientale soumise à plébiscite, il est parfaitement évasif sur les frontières orientales. Le général Haller qui avait pris la tête des 2 divisions Polonaises engagées sous les ordres de Foch, forma en France une armée. En mai 1919, il arrive de France avec 7 escadrilles de combat comptant 96 avions opérationnels et une école de pilotage. Le 26 septembre, la mission française passe officiellement le contrôle des escadrilles de Haller au gouvernement Polonais. Début 1919, la BR 66 est détachée à la mission militaire en Pologne et y devient la 4e escadrille polonaise de reconnaissance à Poznan.
Après les premiers succès éclairs, où les Polonais s’emparent manu militari de Lvov et Vilna (avril 1919) le point culminant est la capture de Kiev et la création d’une tête de pont sur le Dniepr. Notre aviation y joue un rôle prédominant en matière de liaison et de reconnaissance. Le 8 décembre, les alliés, obligés de prendre position, institue une ligne de démarcation provisoire sur le Bug, entre la Pologne et la Russie.
Le 1er janvier 1920, le bombardement est restructuré en 3 RB (Régiments de bombardement). La 4° escadrille Polonaise de reconnaissance dissoute, la BR 66 devient 210° escadrille du 3° RB en rejoignant Neustadt en Allemagne. Au mois d’août elle prend la dénomination de 10° escadrille du 12° RAB. Les nombreuses missions qu’elle effectue sont principalement consacrées à la photo. L’Allemagne se révélant incapable de payer ses dettes de guerre, les troupes terrestres effectuent entre mars 1921 et octobre 1923 des opérations auxquelles prennent part des escadrilles de bombardement. C’est ainsi que la BR 66 participe à l’occupation de Francfort et de Trèves.
Début 1926, l’escadrille perçoit un nouvel appareil : le Breguet 19B2. Le 1er octobre 1928, l’escadrille 66 quitte Neustadt pour renforcer le 11e RAB à Metz et y devient la 10e escadrille. Elle y retrouve la BR 129 qu’elle ne quittera plus avant 1986. Fin 1931, les Amiot 122 remplacent le Breguet 19.
Début 1934, nos escadrilles sont les dernières à toucher les LeO 20, bombardiers triplaces et bimoteurs, aptes au vol de jour et vol de nuit. La BR66 qui appartenait toujours à la 11e escadre à Metz rejoint Toulouse en avril 1936 pour former un groupe de la 101° Escadre. Il s’agissait d’éloigner de la frontière menacée nos trop rares escadres. En septembre 1936, c’est la réoccupation de la rive gauche du RHIN par les troupes allemandes. Un nouvel appareil, le BLOCH 200, équipe l’unité.
Le 22 octobre, la 23e escadre aérienne est constituée à Francazal. Elle comprend le groupe I/23 formé des anciennes escadrilles BR 127 « Tigre » et BR 128 « Scarabée blanc » et le groupe II/23 formé des BR 66 « Aigle égyptien » et BR 129 « Lapin ». Les escadrilles participent à de très nombreux exercices et manœuvres au court des années 1936 et 1937.
En novembre 1937, le groupe participe aux manœuvres de l’AOF. Trois équipages par escadrille quittent Francazal le 4 novembre et se concentrent à Istres pour participer à la « croisière impériale » à travers l’AOF et l’AFN.
En avril 1938, les premiers appareils Bloch 210 sont affectés au groupe. Les escadrilles poursuivent un entraînement régulier tant de jour que de nuit. Le 16 août 1939, le GB II/23 est stationné sur le terrain de Lilleseclin d’où il va participer en liaison avec la chasse anglaise, à des exercices combinés au dessus du territoire de la Grande-Bretagne
Le 22 août, on rappelle les permissionnaires, et le 1er septembre, le groupe fait mouvement vers Istres. A la mi-février 1940, chaque escadrille perçoit un nouvel appareil : le LeO 45. Fin mai, le groupe fait mouvement vers Orange puis Etampes d’où il est engagé dans les combats à partir du 6 juin. Les missions vont maintenant se succéder jusqu’au 18 juin à une cadence accélérée.
Le groupe II/23 figure au nombre des unités aériennes que la France est autorisée à conserver d’après les conventions de l’armistice et stationne à Blida puis Meknès où il est rattaché au Groupement de bombardement n°11. Les 24 et 25 septembre, en riposte à l’attaque anglaise contre Mers-el-Kebir, le GB II/23 participe à des opérations de représailles sur Gibraltar. Puis jusqu’à novembre 1942, le groupe n’effectue que des missions d’entrainement en AFN.
Le 8 novembre 1942, le groupe est engagé pour bombarder les forces anglo-américaines. L’affrontement s’achève le 11 novembre et le groupe rentre à Meknès.
Le 29 mars, les équipages quittent Meknès pour Biskra en vue de leur participation à la campagne de Tunisie où les forces de l’axe opposent encore une certaine résistance. Ils sont affectés dans le North Tactical Air Force pour effectuer des missions de bombardement de nuit sur les troupes de Rommel. Le groupe rentre fin mai à Meknès où il apprend son prochain départ pour l’Angleterre, qu’il rejoint le 9 septembre pour former le Sqn 346 « Guyenne » au sein du Bomber-Command.
Les équipages et mécaniciens entreprennent une longue formation sur Vickers Wellington puis sur Hallifax au sein de la RAF, et le Sqn 346 est finalement déclaré opérationnel en mai 1944 sur la base d’Elvington où elle retourve le Sqn 347 Tunisie. Le groupe effectue sa première mission opérationnelle le 1er juin. Il est engagé chaque nuit au-dessus de la France, et participe en particulier aux opérations du débarquement en Normandie. A partir de la fin juillet, l’unité est également engagée dans des frappes contre l’Allemagne. Chaque nuit, le Bomber Command frappe le cœur de l’Allemagne et les positions allemandes en France. A la fin de l’année 1944, le bilan pour le Guyenne est de 845 sorties réalisées entrainant la perte de onze équipages. Les missions se poursuivent jusqu’à la fin du conflit en Europe. Ainsi, le 25 avril 1945, le Guyenne effectue sa 118e et dernière mission de bombardement en 1326 sorties.
Le 18 juin, le Guyenne défile à Paris et le 10 octobre, enfin, le groupe rejoint la France et Bordeaux, où il est désormais stationné. Il devient ensuite le GB II/21 Guyenne et assure des missions de transport et de coordination avec l’Allemagne occupée et les territoires d’AFN, avant d’être finalement dissous le 1er juillet 1949.
Le 1er décembre 1956, sur la Base aérienne 141 d’ORAN, le CIE B26 n°329 est dissout pour donner naissance au GB 2/91 Guyenne, équipé de A26 Invader. Il est déclaré opérationnel le 1er février 1957. Aux côtés du Gascogne, le Guyenne effectue des missions de bombardement, de reconnaissance et de liaisons vers la métropole. Ces missions se poursuivent jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, durant laquelle le Guyenne a effectué plus de 7700 sorties et larguer 5000 tonnes de bombes, conduisant à la perte de 20 membres d’équipages. L’indépendance de l’Algérie est reconnue le 3 juillet 1962, et le 2 septembre, le Guyenne fait mouvement sur Cazaux, où il est renforcé par les équipages du Gascogne dissout. L’unité a pour mission l’entraînement et le perfectionnement des équipages de bombardement qui, dès leur sortie d’école, sont destinés à constituer les escadrons de la future force de frappe. Le 29 juin 1963, le Guyenne est dissous.
L’escadron de bombardement 1/93 « GUYENNE » est créé10 à Istres le 1er juin 1965 sur Mirage IV A au sein des FAS. Il est déclaré opérationnel et prend l’alerte pour la 1ère fois le 15 octobre. L’entrainement se poursuit, à la mission en haute altitude d’abord, puis à basse altitude à partir de 1969. Mais une réorganisation des FAS à partir de 1975 mène à la dissolution du Guyenne le 9 juin 1976.
Le 1er juillet 1976, les traditions sont reprises par l’escadron 1/94 stationné à Avord. Le 9 a lieu une prise d’armes au cours de laquelle l’EB 1/94 reçoit la garde du drapeau du Guyenne. L’escadron poursuivra sa mission de dissuasion jusqu’en 1986, année de sa dissolution.
Escadrille SPA 37
« Charognard éployé d’argent et de gueules, becqué d’or »
Créée le 23 janvier 1915 sur le terrain de Châteaufort (78), l’escadrille MS 37 est équipée de Morane-Saulnier biplace type L. Placée sous le commandement du Capitaine Louis Quillien, elle est affectée à l’aéronautique de la IIIème armée. La IIIème armée est engagée sur l’Argonne et le Vauquois que ces unités vont conquérir, le 17 février 1915.
En juillet 1915, l’escadrille est dotée de Nieuport X, puis de Nieuport XII et prends l’appellation de N 37. Le 1er octobre 1915, elle fait mouvement vers le terrain de Lisle-en-Barrois (55) pour prendre part à l’offensive en cours en Champagne. Après la fin des opérations, elle prend ses quartiers d’hiver sur le terrain de Sainte-Ménéhould du 16 octobre 1915 au 27 juin 1916. Elle va être engagée dans la bataille de Verdun, dès la fin février 1916.
Au printemps 1916, les premiers monoplaces N 11 sont perçus par les pilotes de la N 37. Elle va progressivement se transformer en une escadrille de chasse à part entière.
Le 2 juillet 1916, la N 37, entièrement rééquipée en monoplaces, est intégrée au groupe de chasse n° 12 et s’installe à Cachy. Elle dépend maintenant de la VIème armée. Au sein du GC 12, elle va être engagée contre l’aviation allemande qui détient la supériorité aérienne sur ce front. Les pertes vont être sévères avec 5 tués au combat. Peu à peu, la chasse française repousse les assauts et reprends l’avantage aux Allemands sur la Somme.
Le 25 janvier 1917, la N 37 est rattachée à l’aéronautique de la IIIème armée à partir du terrain de Ravenel-PlessierSaintJust (60). Le 7 mars 1917, elle est affectée à la IVème armée pour être intégrée au GC 15 à partir du terrain de la Cheppe (51).
Entièrement équipée de Spad VII en mars 1917, la SPA 37 est engagée dans l’offensive Nivelle sur les monts de Champagne, à l’Est de Reims. Ses pilotes participent à l’offensive sur le front d’Aubérive-sur-Suippe – Prosnes qui verra la prise du Mont Cornillet.
Le 16 juillet 1917, elle est affectée à la IIème armée. Le juillet, elle fait mouvement sur le terrain de Beauzée-sur-Aire (55). En août, elle est engagée sur Verdun pour la reconquête du Mort-Homme et de la côte 304. Du 21 au 27 septembre 1917, elle est rééquipée sur le terrain de Villeneuve-lès-Vertus.
Le 10 février 1918, au sein du GC 15, elle est rattachée à l’escadre de combat n° 1, elle-même intégrée à la division aérienne commandée par le colonel Duval. Le 28 février 1918, elle est envoyée au Plessis-Belleville. A partir de ce terrain, elle va soutenir les unités qui s’opposèrent à la grande offensive allemande de mars en Picardie.
Au sein de l’escadre de combat n° 1, la SPA 37 va participer à toutes les grandes batailles de 1918, à savoir les combats sur le Chemin des Dames en mai, la bataille du Matz en juin, la bataille de Champagne en juillet, la bataille de l’Ile-deFrance en juillet août. Déplacée successivement sur les terrains de Fouquerolles et de Raray, elle est déployée pour prendre part à la grande offensive de septembre. Elle est alors affectée à la IVème armée du général Henri Gouraud.
Le 6 septembre 1918, elle fait mouvement sur le terrain d’Ochey. A la fin des hostilités, ses équipages ont remporté 39 victoires homologuées et ont eu à déplorer la perte de 23 tués au combat et 3 par accident. L’escadrille a été récompensée d’une citation à l’ordre de l’armée.
Le 1er janvier 1920, elle devient 101ème escadrille du 1er régiment d’aviation de chasse stationné à ThionvilleBasseYutz (57). Le 1er août 1920, lors de la nouvelle restructuration des unités aériennes, elle devient la 1ère escadrille du 1er RAC. Le 1er juin 1924, elle est transférée comme 5ème escadrille du 33ème RAM basé à Mayence. Ses pilotes volent alors sur Nieuport 29.
Pendant la seconde guerre mondiale, la SPA 37 sera représentée par la 3ème escadrille du GC II/3. Ce groupe prendra le nom de baptême de « Dauphiné » en 1943 après le ralliement des forces aériennes françaises d’AFN aux alliés et la SPA 37 en devient alors la première escadrille. Entièrement équipée de P-47D Thunderbolt, elle participera aux combats sur l’Italie, la Corse et la reconquête du territoire national. Le 1e juillet 1947, le groupe prend le nom de GC I/4 « Dauphiné ». Il participe aux opérations en Indochine, puis en Algérie. A compter de 1972, il participe au sein de la FATac à la mission de frappe nucléaire tactique sur Mirage IIIE. Il est ensuite équipé de Mirage 2000N et intègre les FAS en 1991. Ses traditions ont été transmises jusqu’au 29 juin 2010, date de la dissolution de l’EC 1/4 « Dauphiné », équipé de Mirage 2000 Nk2, sur la base de Luxeuil-St-Sauveur.